Commémoration du centenaire

A la BnF, l'exposition événement : «Marcel Proust, La fabrique de l’œuvre»

A l'occasion du centenaire de la mort de Marcel Proust, de nombreux événements ont lieu partout en France. L'incontournable est l'exposition de la Bnf, sous l'autorité d'Antoine Compagnon de l'Académie française et spécialiste de l'auteur, qui est en tout point exceptionnelle. Par le nombre de pièces exposées (près de 350) et leur qualité, certaines n'ayant jamais été montrées au public à ce jour. Par le parcours qui permet de prendre la mesure de la fabrique de La Recherche du temps perdu. Et peut-être aussi par l'émotion qu'elle suscite : on ressent presque physiquement le texte en train de s'écrire, sa complexité et son mystère... Une exposition à ne pas manquer.

Portrait et manuscrits de Marcel Proust - BnF Portrait et manuscrits de Marcel Proust - BnF

C'est l'histoire extraordinaire d'une œuvre qui est devenue l'une des plus emblématiques de la littérature mondiale. Cent ans déjà que Marcel Proust est mort. Pourtant il n'a jamais été aussi vivant. Comment a-t-il composé À la recherche du temps perdu? Comment cette œuvre a-t-elle été imaginée, fabriquée, diffusée, y compris après la mort de l’écrivain en 1922, jusqu’à devenir l’une des plus célèbres de la littérature mondiale ? A l'occasion de la commémoration du centenaire de sa mort, la BnF ( Bibliothèque nationale de France) présente une exposition exceptionnelle qui nous plonge littéralement dans le texte, l'histoire d'À la recherche du temps perdu, et son lien avec la vie de l'auteur.

Une traversée de l’œuvre à l’occasion du centième anniversaire de la mort de Marcel Proust 

À l’occasion du centième anniversaire de la mort de Marcel Proust, la Bibliothèque nationale de France propose une exposition conçue comme une véritable traversée de l’œuvre. Organisée tome par tome, elle donne à voir la fabrique du texte à travers une série d’épisodes emblématiques du roman, en s’appuyant sur l’exceptionnel fonds Proust de la BnF et les résultats de la recherche proustienne depuis vingt ans.

 Près de 350 pièces—manuscrits, tableaux, photographies, objets, costumes—, parmi lesquelles des documents capitaux et inédits récemment entrés à la BnF, ou issus d’autres collections, sont rassemblées pour la première fois afin de raconter l’histoire de l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature universelle.

Légende: A droite, Portrait de Marcel Proust, 1892. Jacques-Émile Blanche (1861-1942) © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

Raconter un chef-d’œuvre

L’exposition raconte l’histoire d’À la recherche du temps perdu. Elle mène le visiteur à travers les étapes de la composition du roman, jusqu’au cas particulier des derniers volumes dont l’établissement du texte, après la mort de Proust, est dû à son frère Robert et à l’équipe de la Nouvelle Revue française.

Elle met en lumière l’histoire éditoriale, du refus de Du côté de chez Swann par les éditions de la NRF, alors que Gaston Gallimard deviendra dès le deuxième tome l’éditeur indissociable du nom de Proust, à la construction de la postérité de l’œuvre, sans oublier la consécration par le prix Goncourt en 1919. Comprendre la fabrique de l’œuvre, tel est l’objectif de l’exposition, à la lumière de récents évènements tels que la publication d’inédits comme l’Agenda 1906 — carnet de notes préparatoires à la première partie de Du côté de chez Swann — , ou des Soixante-quinze feuillets de 1908 – état le plus ancien du roman –, et la numérisation de l’intégralité du fonds Proust, qui ont ouvert de nouvelles perspectives à la recherche.

Un parcours dans l’ordre des volumes

 Le parcours de l’exposition déroule l’ordre des volumes, de Du côté de chez Swann (1913) au Temps retrouvé publié à titre posthume en 1927, en respectant la tomaison originale choisie par Proust et sans masquer l’inachèvement du roman. À chaque volume correspond une salle de l’exposition, avec son choix d’épisodes, certains très attendus -comme la madeleine-, d’autres moins connus du public. C’est ainsi que le visiteur chemine dans l’œuvre, depuis l’invention de la célèbre première phrase « Longtemps, je me suis couché de bonne heure… », jusqu’à la dernière partie conçue comme un recommencement propre à éclairer la dimension cyclique d’À la recherche du temps perdu. Nul besoin d’avoir lu la Recherche pour y plonger ici: l’exposition guide le visiteur au cœur de l’œuvre.

 Des pièces exceptionnelles

Au fil de cette déambulation, le public découvre des pièces présentées pour la première fois, telle la spectaculaire édition dédicacée de Du côté de chez Swann récemment acquise par la BnF grâce au mécénat, ou le manuscrit de grand format des Soixante-quinze feuillets, la plus précoce ébauche de l’œuvre. Un ensemble unique de « planches » d’ À l’ombre des jeunes filles en fleurs permettra d’entrer dans le processus d’élaboration de ce volume. Ces documents, qui avaient servi à l’établissement de la première édition en 1918, se composent de fragments d’épreuves et de manuscrits, corrigés de la main de Proust et collés sur de grandes feuilles. En 1920, Proust choisit de faire publier une édition de luxe d’À l’ombre des jeunes filles en fleurs, tirée à 51 exemplaires et contenant chacun deux de ces planches. Ces documents rares sont des témoins exceptionnels de la fabrique du texte. Une trentaine sont, pour la première fois, réunis à l’occasion de l’exposition, physiquement et virtuellement.
Légende : Paperoles du fonds Proust BnF, département des Manuscrits © BnF

Paperoles, réécritures et inspirations

Les spectaculaires manuscrits de Marcel Proust sont au cœur du propos, riches des fameuses « paperoles ». Ces ajouts rédigés sur des papiers collés et repliés dans les cahiers, de la plus courte répertoriée à la plus longue -près de deux mètres, invitent à une plongée dans la fabrique. Des chefs-d’œuvre de la peinture permettent d’incarner les personnages ou les thèmes du récit : outre des œuvres d’Hubert Robert, Turner, Monet, Renoir, Vuillard, le portrait de Proust par Jacques-Émile Blanche, le portrait de Robert de Montesquiou par Boldini, Le Cercle de la rue Royale par James Tissot, des œuvres modernistes comme le tableau La Primitive de Kupka…

Objets emblématiques et  documents inédits

Des objets emblématiques du rapport de Marcel Proust à l’imaginaire, à la mémoire et au temps viennent ponctuer ce parcours : un kinétoscope, une lanterne magique, un kaléidoscope, des robes de Fortuny, de nombreuses photographies… Enfin, des extraits audiovisuels, parmi lesquels les entretiens avec Céleste Albaret, la célèbre gouvernante de l’écrivain, ou des extraits musicaux, scanderont certaines étapes du parcours.

Un ensemble de pièces jamais exposées

Un ensemble de pièces jamais réunies auparavant Les quelque 350 pièces présentées sont issues en partie des collections de la BnF, notamment de l’exceptionnel fonds du département des Manuscrits. Marcel Proust avait conservé l’ensemble de ses manuscrits. À sa mort en 1922, son frère, Robert Proust, hérita de ce précieux dépôt, que Suzy Mante-Proust, la fille de Robert, décida de confier à la Bibliothèque Nationale en 1962. Le fonds Marcel Proust de la BnF comprend ainsi la quasi-totalité des manuscrits de l’écrivain, depuis ses papiers scolaires, ses œuvres de jeunesse, ses articles critiques et ses traductions des œuvres de Ruskin, jusqu’aux manuscrits d’À la recherche du temps perdu. Des acquisitions ont permis de compléter ce fonds prestigieux. Pour témoigner de l’écriture du roman, le fonds des manuscrits de la BnF comprend des carnets de notes, des cahiers de brouillons des parties successives du roman, des cahiers contenant la mise au net de Sodome et Gomorrhe, La Prisonnière, Albertine disparue et Le Temps retrouvé, des volumes de dactylographies en partie corrigés, des volumes de placards et d’épreuves comportant de nombreuses variantes et additions autographes.

À cet ensemble manuscrit s’ajoute un certain nombre d’exemplaires imprimés particuliers, eux-mêmes remarquables par l’information qu’ils apportent sur l’élaboration du roman ou sur l’histoire de son processus éditorial. L’exceptionnel fonds Marcel Proust de la BnF est enrichi dans l’exposition de prêts prestigieux d’institutions publiques et de nombreuses collections particulières qui permettent de montrer au public des œuvres qui n’avaient jamais été réunies auparavant. Des pièces du musée d’Orsay, du musée du Louvre, de la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, de la Cinémathèque française, du musée Galliera, de la Fondation Bodmer à Genève, entre autres, contribuent à mener le visiteur au cœur de la fabrique de l’œuvre, au fil d’un parcours intime et sensible.

Un numéro exceptionnel du magazine Chroniques

Publié trois fois par an, l'excellent magazine Chroniques permet de suivre l’actualité culturelle de la BnF  : expositions, concerts, conférences et autres événements. A l'occasion de l'exposition Proust, la revue consacre une grande partie de son éditorial à sa présentation avec notamment une passionnante interview d'Antoine Compagnon par Sylvie Lisiecki.

Commissariat de l'exposition : Antoine Compagnon, de l’Académie française, professeur émérite au Collège de France Guillaume Fau, conservateur en chef, chef du service des Manuscrits modernes et contemporains au département des Manuscrits, BnF Nathalie Mauriac Dyer, directrice de recherche à l’Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM, CNRS-École 

 

Information pratiques

Exposition Proust, La fabrique de l'oeuvre
BnF
Quai François Mauriac,
75706 Paris Cedex 13
Jusqu'au 22 janvier 2023 
Site François Mitterrand
Galerie 2
> Plus d'informations sur le site de la BnF 
A noter : le 18 novembre 2022, l'entrée de l'exposition sera gratuite  

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