LA BURLESQUE ÉQUIPÉE DU CYCLISTE / THE WHEELS OF CHANCE (ÉDITION BILINGUE FRANÇAIS / ANGLAIS ) (annotée et illustrée)
- Année de publication : 2016
- Genres :
- Nombre de page : 373 pages
- Prix éditeur : 0,99
- ISBN : B01MR1TZPD
- Source : Amazon
Résumé
Une autre facette d'Herbert George Wells
Il serait très réducteur de catégoriser Wells, père de "L'Homme Invisible", "La Machine à explorer le Temps" ou "La Guerre des Mondes", comme un "simple" auteur de science-fiction.
La Burlesque Équipée du cycliste (The Wheels of Chance, 1896) présentée ici en édition bilingue français/anglais, est une épopée comique — dans la veine d’humour de Trois hommes dans un bateau de Jerome K. Jerome—, doublée d'une acerbe satire sociale inspirée de l’expérience personnelle de H.G. Wells.
L'histoire est simple. Hoopdriver, jeune et modeste apprenti drapier de grand magasin (comme H.G. Wells jeune), veut apprendre à faire du vélo pour partir en excursion pendant sa semaine de congés annuelle.
Il a acheté une bicyclette d'occasion et compte l'utiliser pour randonner le long de la côte sud de l'Angleterre. Rester en selle est déjà pour lui une aventure.
Mais c’est toute sa petite vie bien réglée et étriquée qui va être bouleversée en route par sa rencontre avec "la jeune fille en gris", une autre cycliste embarquée dans bien des ennuis.
Au fil des situations cocasses, ce naïf va découvrir l’amour et avec lui, les limites dans lesquelles l'enferment sa classe sociale.
Cette brutale prise de conscience anéantira son enthousiasme aveugle. Il optera pour le mensonge et à la négation de son passé, pour enfin sombrer, rattrapé sans pitié par ce qu’il est, dans la plus grande des tristesses.
Si la trame peut sembler mince, l'intérêt du roman est ailleurs. Riche d’un humour proche de celui de P. G. Wodehouse, (père du célèbre valet Jeeves), le roman est un modèle de burlesque et de bouffonnerie.
Hoopdriver réussit à allier la naïveté à la perspicacité, les plus nobles et honnêtes sentiments au mensonge le plus vil, le courage à la lâcheté et la stupidité à des répliques troublantes d'intelligence. Tant de paradoxes en un seul homme créent des situations saugrenues qui suscitent l'indulgence amusée du lecteur.
La bienveillance moqueuse et affectueuse de Wells à l'égard du pauvre Hoopdriver fait souvent rire de bon cœur. Mais quelquefois, le rire se coince dans la gorge.
Car chez Wells, il n'est qu'un moyen redoutable de servir un autre dessein : celui de la satire sociale.
Masqué sous un amusant badinage, Wells se livre à une critique sévère de l'immobilisme et de l'injustice de la société anglaise de l'époque. Par ses personnages presque caricaturaux, il dépeint un monde à deux vitesses, où les pauvres se laissent humilier et où les classes aisées fuient, à travers les futilités et les conventions, un monde qui leur échappe.
Hoopdriver déplore de n'avoir pas reçu une éducation qui l’aurait fait l'égal de nombreux bourgeois pas plus intelligent que lui, alors que Miss Milton, la jeune bourgeoise, se sent prisonnière d’un carcan qui l'étouffe. L'éducation et les conventions, brisent la nature propre de l'individu, l'empêchent de s'exprimer pleinement : un thème très cher à Wells.
Il y a du Buster Keaton dans la naïveté fragile de ce jeune homme aux prises avec des situations tragi-comiques qu’il maîtrise aussi mal que l’équilibre sur sa bicyclette.
Il y a du Don Quichotte dans le périple cycliste de ce modeste employé aux aventures picaresques qui, sans le vouloir, découvre l’amour et veut conquérir le cœur de sa Dulcinée.
Hoopdriver est une sorte de "M. Pickwick" de Dickens, que ses excentricités et son idéal chevaleresque rendent fatalement aimable et touchant.
La burlesque épopée du cycliste sonde avec humour et humanité la personnalité de son "héros" pour mieux nous promener à travers les méandres de l'âme humaine et fustiger la société de l'époque sur fond de campagne anglaise. Un livre qui met de bonne humeur et qu'on lit avec un sourire jusqu'aux oreilles.
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