Prix Goncourt : Lydie Salvayre couronnée

[image:6,l,g]Lydie Salvayre obtient le Prix Goncourt 2014

Une fois n'est pas coutume, les jurés de l'Académie Goncourt ont choisi une femme, Lydie Salvayre, avec son livre  "Pas pleurer" (Seuil) pour succéder à Pierre Lemaître, lauréat 2013 avec "Au revoir là-haut". Pourtant cette victoire n'était pas gagnée d'avance et Lydie Saalvayre n'était pas partie favorite. La rumeur penchait pour David Foenkinos ou pour Kamel Daoud. Comme quoi, les jurés n'ont ni voulu répondre aux pressions diverses et ont choisi de couronner une des grandes écrivaines françaises, une des rares à être reconnue dans le monde entier. Ils ont aussi choisi un livre qui mélange habilement le témoignage, la litétrature et l'histoire, dans un dosage savamment orchestré.

"Pas pleurer", un livre sur la mémoire de la guerre civile espagnole

"Pas pleurer" est un livre qui interroge les racines de son auteur, en évoquant  la guerre civile espagnole, dans laquelle sa famille a été plongée. Dans ce livre, deux voix parlent, sans se connaître, celle célèbre de Bernanos, l'autre qui représente la mère de Lydie Salvayre. Leurs voix témoignent, regardent, essaient de survivre. Le lecteur réalise avec effroi, que ce conflit ne fut pas qu'une guerre civile. Il cristallisa aussi l'opposition des forces rétrogrades avec les forces modernistes, et fut le théâtre d'une instrumatilsation par quelques cyniques qui utilisèrent la guerre comme un terrain de jeu pour accéder au pouvoir. Le regard de Bernanos permet de prendre la mesure de "l'incompréhensible" guerre, celle qui mènera un jour au chef d'oeuvre de Picasso, Guernica. Horreur et stupéfaction.
La parole de la mère nous plonge dans la réalité de la vie. C'est elle qui donne corps aux émotions contenues par l'auteur. "Pas pleurer" est aussi un livre sur la difficile transmisssion d'une mémoire (d'où le titre). Mais, c'est aussi un texte qui résonne avec notre Europe en crise d'aujourd'hui, en nous montrant comment les vendeurs d'illusions s'emparent toujours avec jubilation des peurs qui fleurissent en période troublée. Les jurés du Goncourt ont choisi de couronner un livre grave et sensible, à la fois très littéraire, car Lydie Salvayre écrit avec une prose pleine de souffle, mais aussi porteur d'émotion et de sens.

Lydie Salvayre, une écrivaine reconnue dans le monde entier

Les jurés de l'Académie Goncourt ont choisi cette année de décerner leur prix à une figure incontestée et incontestable de la littérature française. Rappelons que Lydie Salvayre a obtenu le prix Hermès du Premier roman pour La Déclaration, le prix Novembre (aujourd'hui prix Décembre) pour La Compagnie des spectres et le prix François Billetdoux pour BW. Ses livres sont traduits dans une vingtaine de langues. Certains ont fait l'objet d'adaptations théâtrales.

Le mot de l'éditeur

"Deux voix entrelacées.
Celle, révoltée, de Bernanos, témoin direct de la guerre civile espagnole, qui dénonce la terreur exercée par les Nationaux avec la bénédiction de l’Église contre « les mauvais pauvres ».

 Celle, roborative, de Montse, mère de la narratrice et « mauvaise pauvre », qui a tout gommé de sa mémoire, hormis les jours enchantés de l’insurrection libertaire par laquelle s’ouvrit la guerre de 36 dans certaines régions d’Espagne, des jours qui comptèrent parmi les plus intenses de sa vie.
Deux paroles, deux visions qui résonnent étrangement avec notre présent et qui font apparaître l’art romanesque de Lydie Salvayre dans toute sa force, entre violence et légèreté, entre brutalité et finesse, porté par une prose tantôt impeccable, tantôt joyeusement malmenée."

>>Pour lire un extrait du livre, cliquer sur ce lien

>>Pour mémoire : les auteurs en dernière sélection

Kamel Daoud, «Meursault, contre-enquête» (Actes Sud)
Pauline Dreyfus, «Ce sont des choses qui arrivent» (Grasset)
David Foenkinos, «Charlotte» (Gallimard)
Lydie Salvayre, «Pas pleurer» (Seuil) 

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