Pierre Mérot : « Oui, j’ai des rituels. J'écris en général en fin d'après-midi, chez moi, dans une sorte de bulle, de tanière - j'allais presque dire un ventre follement coupé du monde. Je bois quelques bières qui me déverrouillent et travaille en musique, souvent du Bach, deux ou trois morceaux que j'écoute en boucle. Et j'attends que les choses viennent - ou presque ! »
« Autrefois, j'écrivais sur un cahier, au crayon. Mais depuis que je me suis mis à l'ordinateur, je ne peux plus m'en passer : les possibilités d'un traitement de texte sont quand même fabuleuses. Et de temps en temps, quand j'ai besoin d'une information, je la cherche sur Internet. Alors, tout est réuni sur cette belle machine... »
« J'aimerais bien écrire d'un seul jet ! En réalité, je ne peux avancer que si je juge que tout est en ordre derrière moi, quasiment dans une forme définitive. Je relis constamment ce qui précède, un peu comme si chaque nouvelle phrase devait être le résultat nécessaire et organique des précédentes ».
« Je crois que je ne me dirai jamais complètement : "Je suis un écrivain". C'est une classification sociale que d'autres établissent ou établiront à mon sujet. Je suis simplement quelqu'un qui se débat avec une vie et qui tente d'écrire pour la rendre moins désolante. En plus, j'ai toujours eu deux activités en même temps. Si on me le demande, je me présente ainsi : je suis enseignant et écrivain ».
« Finalement, être écrivain, pour moi, réside dans ce "et", cet "à côté", cette "marginalité" - même s'il s'agit de mon identité profonde, de ma colonne vertébrale. Cela dit, j'écris depuis trente ans et si je n'avais pas été publié rapidement, si je n'avais pas obtenu un peu de reconnaissance, je ne serais vraisemblablement pas en train de répondre à votre question ! Bon, je sais bien qu'il vous faut une formule plus définitvie, plus lapidiaire. Alors, je dirai ceci : être écrivain - ou artiste -, c'est d'abord, très banalement, ne pas se satisfaire de la réalité. Bref, une lutte positive, finalement ! Voilà une réponse parmi des milliers d'autres... »
« Je lis sûrement plus que la moyenne - ce qui n'est pas un exploit ! -, mais un peu de manière anarchique et rarement jusqu'au bout. Ce qui m'intéresse, c'est d'abord de saisir la "voix" d'un écrivain ou d'un livre, et de m'en emparer, de m'en nourrir. Je grappille çà et là, je fais mon marché, en somme. Je lis plusieurs choses à la fois, je relis aussi des textes que je connais déjà ».
« Quant à mes découvertes, elles se font généralement par le bouche-à-oreille. J'ai la chance d'être entouré de lecteurs "performants" qui me parlent de tel ou tel ouvrage. Alors, je vais voir. Mais il s'agit rarement de livres qui viennent de paraître... »
« Mon premier choc de lecture ? Chateaubriand, sans doute, quand j'étais au lycée, il y a bien longtemps ! »
« Je relis des nouvelles de Bukowski et L'Attrape-Cœurs »
«Je n'ai pas de livre-fétiche à proprement parler, je crois que la littérature est magnifiquement vaste. Mais pour me donner du courage, du courage stylistique si je puis dire, je feuillette souvent "Cavalerie Rouge" de Isaac Babel ».
« Oui, il m'arrive d'offrir mes livres, mais je n'attends pas nécessairement un commentaire en retour ».
« Je relis des passages de mes livres, surtout du dernier, "Arkansas". Des passages que j'aime et des passages que je n'aime pas - et là, je vois tous les boulons mal serrés ! »
« Ma bibliothèque est classiquement organisée en genres et, à l'intérieur de chaque genre, par ordre alphabétique. Mais j'ai également une bibliothèque fantôme constituée d'un nombre incroyable de piles dans tous les coins, si bien qu'il me faut parfois un temps infini pour retrouver un livre dont j'ai besoin ! »
« Il faudrait que je puisse voir ce que ça donne. Pour l'instant, je n'en ai pas eu entre les mains ».
« J'ai eu la chance de travailler dans une maison d'édition il y a une vingtaine d'années. Alors, j'ai plein de souvenirs du Salon du Livre au Grand Palais, mais en tant qu'exposant. Pour moi, et je l'ai écrit dans "Mammifères", c'était comme une longue nuit blanche un peu folle, éreintante et bien arrosée ! Les anecdotes ne manquent pas ! Je me rappelle, en particulier, que lors des séances de dédicace, si l'auteur se trouvait désespérément seul devant sa table, le patron de cette étonnante maison demandait à ses employés d'aller "rabattre" des connaissances un peu partout dans le Grand Palais, lesquelles se faisaient ensuite passer pour des admirateurs du pauvre auteur, moyennant un livre gratuit remis discrètement en coulisses ! C'est l'une des raisons pour lesquelles, personnellement, je n'aime pas trop les séances de dédicace... »
« Kennedy Junior chez Robert Laffont au mois d’avril »
© E. Robert Espalieu
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