Josef Ladik : « L'écriture est un plaisir. N'importe où, n'importe quand. J'ai toujours un carnet dans ma poche. Où que j'aille, il me faut de quoi écrire. Je ne compte plus les achats de cahier et de stylos. Il me faut cette possibilité. J'aime écrire dans les cafés, n'importe lesquels, mais j'ai mes habitudes à Montmartre. Le bruit crée un silence intérieur, la multitude isole. J'utilise aussi de la musique, avec listes de morceaux en fonction des ambiances du roman (du classique au punk, tous les genres y passent). Je me suis aussi retrouvé à écrire dans le RER, en train de nuit, en avion, dans le TGV, lors de déplacements à l'étranger... J'essaie de rentabiliser tous les moments. Ecrire est une pause dans le flot du quotidien ».
« Avec un métier prenant et une vie de famille, il faut une discipline pour écrire un roman. Avant de me lancer dans un projet destiné à être édité, il y a un travail préalable de construction, d'ébauche des personnages et de définition du milieu. Un thriller ne s'improvise pas. Une fois le projet validé avec mon éditeur, je m'impose une date butoir, fixée par contrat. A partir de là, je sais exactement combien de signes par jour je dois faire pour ne pas être en retard. J'utilise un tableau de bord. Rien à voir avec une vision romanesque de l'écriture, où l'on attend que l'inspiration nous saisisse dans une journée oisive ».
« J'utilise aussi un petit Macbook, il s'ouvre et se ferme comme un cahier et s'emporte sous le bras, ne fait pas de bruit et dispose d'une longue autonomie».
« J'écris d'une traite. Je pourrais rester une heure sur un paragraphe. Je n'ai pas ce luxe. Plus j'écris, plus j'apprends à écrire ».
« Je ne me sens pas écrivain. Ecrire est une manière de vivre plus qu'un état. Etre publié est un processus aléatoire conditionné par des facteurs qui dépassent l'oeuvre. Une fois le livre écrit il devient un objet extérieur, il appartient aux lecteurs, à la critique. Il arrive régulièrement que des lecteurs me fassent spontanément des retours, grâce à internet. C'est très gratifiant. Je voudrais consacrer à cette activité plus de temps. Le fait que mes romans trouvent leur public m'y encourage ».
« J'ai une conception très classique: l'écrivain est quelqu'un qui vit de son écriture. C'est rare chez les vivants, même suédois. J'aimerais le devenir avant le premier infarctus ».
« J'aimerais, bien sûr, surtout une famille pleine de gens que j'admire. Elle serait une famille recomposée».
« Je lis quotidiennement plusieurs livres en parallèle, de genres différents. Il y a celui pour les transports en commun, celui que j'aime avant de dormir, celui qui m'intéresse car c'est un essai, celui pour la beauté de la langue, etc. Il y en a toujours une dizaine sur ma table de chevet, autant à mon bureau, et souvent dans les poches de mes manteaux. Je voudrais y consacrer plus de temps. J'aborde les vacances avec délectation, car c'est un moment où je peux lire plusieurs heures d'affilée. Un indice de satisfaction, c'est quand je manque une station de métro ou que je continue à lire en marchant, activité périlleuse. Je corne le bas des pages quand j'aime certains passages ».
« Professionnellement, je dois beaucoup lire. Il n'est pas rare qu'un dossier fasse des centaines ou des milliers de pages (certains des dizaines de milliers). Les écrits judiciaires sont un laminoir pour le style. Même les artifices de l'art oratoire combinent sans fin une dizaine de motifs permanents. La créativité n'a pas sa place, d'une certaine manière, c'est normal, car le langage y est avant tout un outil. Il y a même des règles étranges, par exemple l'usage de l'imparfait à tous les temps du passé».
« En demandant conseil à mes amis, au libraire et en prenant mon temps dans les rayonnages. Plus que les couvertures, ce sont les titres et 4e de couverture».
« Fictions, de Borges. J'ai été sidéré, non pas au moment de la lecture, prenante, mais après, lorsqu'elle a commencé à infuser en moi, comme l'effet retard d'une drogue qui ouvrirait les portes de la perception, pour reprendre l'expression de Huxley. C'était à 17 ans. Vingt ans plus tard, j'erre toujours dans les labyrinthes borgésiens, en prenant mon temps».
« L'affaire N'Gustro de JP Manchette, en parallèle avec Femme fatale. N'gustro est un régal pour le style de manchette qu'on retrouve à chaque page. Spinoza, à petite dose. Léon Chertok, sur l'hypnose, utile pour un dossier. Freud, l'inquiétante étrangeté, une vraie rigueur dans la construction de l'argumentation. J.G. Ballard, Le massacre de Pangbourne, un style limpide pour une nouvelle qui donne à réfléchir ».
« Fictions, bien sûr, je le lirai toute ma vie, je crois ».
« Souvent Fictions de Borges, encore ! C'est un livre à découvrir lorsqu'on ne connaît pas. L'avantage, c'est que l'effet est rapide: soit il vous tombe des mains, soit vous en prenez pour la vie ».
« En général non, pour ne pas qu'ils se sentent obligé de les lire. Leur avis m'importe toujours. Les compliments m'intéressent moins que les critiques».
« Non. Parfois, j'ouvre et je lis une page. Si le temps a suffisamment passé, je lis le passage comme si l'auteur était un autre. C'est dans cet oubli que j'apprécie parfois de me relire ».
« Non, pas qui me vienne, comme ça. Lorsqu'ils sont vivants, je fais en sorte d'entrer en contact, si j'ai une question. Pour les morts...plus difficile, mais j'ai parlé avec la veuve de Borges, Mme Kodama ».
« Des deux côtés de la cheminé, c'est assez organisé, des étagères thématiques, puis partout, dans l'appartement ça déborde, ça s'empile en désordre car les étagères sont pleines. Donc il faut parfois chercher et on trouve souvent en chemin quelque chose d'autre».
« Rien ne sera jamais aussi résistant, durable ou sensuel qu'un livre en papier. Si on poussait la logique du livre numérique jusqu'au bout, il faudrait admettre la disparition des librairies et des bibliothèques. Les remplacer par des baies de stockage, quelle poésie !
Maintenant, s'il s'agit d'ajouter un autre support, en plus du livre, pour ceux qui préfèreraient lire sur des écrans, pourquoi pas.
Mais pour moi, rien n'est aussi agréable que de lire sur un support papier. Comment corner la page d'un livre électronique ? Et comment est-on sûr de pouvoir le rouvrir, dans une dizaine d'année ? Une oeuvre électronique n'existe pas sans énergie électrique, ni service après vente pour réparer l'écran. Trop compliqué. Nous avons besoin de choses simples, pour nous concentrer sur l'essentiel ».
« Encore trop récent pour en parler, je ne le fréquente, en tant qu'auteur, que depuis 2008 ».
« Les Engagés (mai 2009) et Jericho (à paraître en juin 2010), éditions First ».
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