Isabelle Sibout : « De préférence le matin, tôt, très tôt même ! Le mug de chicorée-café m'accompagne dans ce cas. Relecture en fin de journée. Rarement en musique (surtout le matin, besoin de calme voire de silence), sinon en fond sonore au fur et à mesure que s'écoule la matinée... De préférence chez moi pour l'écriture en tant que telle, mais ce peut être dans un café pour des prises de notes, des brouillons écrits en vrac sur des carnets ou des bouts de papier.
« Non, en tout cas, pas de quotas sous une forme aussi directe. Quand il s'agit d'un article de presse, bien sûr, le calibrage doit être respecté. Il en va différemment pour l'écriture d'un roman. Je ne me fixe pas de quota. J'écris sans me limiter. Cependant, au fur et à mesure que l'écriture avance, une architecture souterraine, « déjà là », se fait plus précise jusqu'à « vouloir » former un ensemble cohérent. Elle s'impose même. C'est à ce moment-là que la question du nombre de pages / de quantité – ce fut le cas pour mon premier roman – se pose. Il m'importe alors que les chapitres soient équilibrés les uns par rapport aux autres. Mais ce n'est pas non plus une règle absolue. Cela dépend de l'histoire que l'on veut raconter, du style que l'on veut utiliser. On peut vouloir faire percutant en adoptant du « très court » », ou ressentir le besoin d'écrire « plus long » pour des descriptions par exemple, et l'équilibre, la cohérence de l'ensemble, seront tout aussi présents.
« J'utilise mon ordinateur portable sur lequel j'écris directement, avec des feuilles de brouillon à côté pour des mots-clé, des idées qui surgissent soudainement... Et deux stylos : un noir et un rouge ».
« Plutôt du premier jet. C'est le point de départ, la base. J'entends la ré-écriture plutôt comme une succession de corrections, re-corrections, re-re-corrections... Cette phase peut être longue ! »
« Je ne me dis pas les choses ainsi. Pas avec « je suis ». J’utiliserai plutôt les formules « j'ai » ou « j'aime ». J'ai une bonne plume (dans les propos des autres) ou j'aime écrire (les miens) ».
« J'aime écrire et « écrivain » signifie pour moi une grande liberté d'expression. Cette liberté est un apprentissage enrichissant, parfois douloureux : une liberté avec laquelle il faut négocier dans le choix des mots, celui de la quantité (c’est-à-dire celui de s'arrêter dans la description d'un lieu, d'un personnage par exemple), de la relecture (savoir s'arrêter aussi à un moment donné), etc., car ce peut être sans fin. La fin est de toute façon difficile... tout en étant un soulagement. Quelque chose est accomplie ».
« Pas particulièrement. Mais s'il fallait définir une parenté, je me rapprocherais plutôt d'auteurs de « littérature réelle ». La vie, les gens, offrent un « matériau » riche, inépuisable ».
« Je lis beaucoup, oui. Vite aussi. Mais cela dépend de la nature de ma lecture. Je ne lis pas de la même manière un roman dont l'histoire est palpitante, « dévorante » même - jusqu'à m'empêcher de dormir -, qu'un texte philosophique, politique..., bref, un texte qui demande une réflexion, un effort plus intellectuel.
Autrement, j'utilise un marque-page. Jamais de coin de page corné (sauf magazines, et encore ! Cela m’est impossible pour les beaux magazines par exemple), et rarement une carte postale : elle couvre trop la page en cours du livre et me distrait de la lecture... Elle m'emmène dans d'autres aventures que celle du livre ».
« Essentiellement par plaisir. Également en fonction de l'intérêt que j'ai pour tel sujet et/ou tel auteur à un moment donné : cet intérêt peut être fonction de l'actualité littéraire, suscité par des proches qui ont aimé un livre et qui m'en ont tant parlé que j'ai envie de le découvrir à mon tour pour partager ensuite nos impressions, ou bien enfin, en fonction de ma propre actualité. Dans ce cas-là, ma lecture peut effectivement être davantage « professionnelle », concentrée, plus « aigüe ».
« Un peu de tout ça. Les proches, les critiques, les 1ères de couv', les 4è de couv', la calligraphie, le titre… Grosso modo, tout ce qui m'interpelle à l'œil et à l'esprit ».
« La sensation de pouvoir plonger dans une aventure en-dehors du temps réel, des autres. Une aventure individuelle en somme, à travers une histoire écrite par quelqu’un d’autre que moi, et que je vis pourtant. Le 2ème choc – nécessairement lié -, celle de la déception, la fin de l'histoire: c'est (déjà) fini... ».
« L'ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon. Irréel, beau. Puissant ».
« Je n'ai jamais eu vraiment de livre de chevet fétiche. Je dis « pas vraiment », car depuis quelque temps, il y a la Bible pas très loin.. »
« Jamais »
« Je viens de terminer mon 1er roman, publié il y a quinze jours ! J'ai proposé à des proches de le leur offrir, ils ont refusé. Sinon, oui, je suis impatiente de connaître leur avis ».
« Il est trop tôt pour vous répondre. Mais avec un peu de projection dans le futur, je pense me relire. Mais sur le tard... »
« À Colette : « Racontez-moi votre vie.. »
« Ma bibliothèque a une histoire, oui. Je sais d'où provient chaque livre, ce qu'il m'a procuré comme émotions, ce qu'il m'a apporté. Je peux aussi me défaire de livres qui m'ont déplu, des livres que je n'aurais pas choisis (qui m’ont été offerts par exemple) et/ou qui, à un moment donné, m'encombrent. Ils sont en effet classés (plus ou moins !), et plutôt par thème : littérature, arts, voyages, etc. »
« Pourquoi pas ? Mais pas pour le moment. Un jour peut-être, mais je le vois en complément du livre papier. Le livre est - et doit - rester aussi un objet. On a un rapport d'abord physique avec lui : le toucher, le visuel, l'odorat, choses que le livre numérique ne pourra pas nous offrir, même s'il sera pratique à d'autres égards ».
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« 7ème Etage. Editions Atlantica-Séguier ».
La 42e édition de la Foire du livre de Brive vient de se terminer.
Légende photo : Jérôme Garcin, Hervé Le Tellier, Rachida Brakni, Marthe Keller, Gaël Faye, Kamel Daoud, Rebecca Dautremer, Emmanuel Lepag
Avec la saison automnale, le Mois du film documentaire du Territoire de Belfort est l’occasion de se réchauffer tout en explorant une grande divers