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The Good Life: Ce que nous apprend la plus longue étude scientifique sur le bonheur et la santé

The Good Life

Chapitre 1. Qu’es...
L'Invention de l'histoire

Page 53

Ce jour-là, j’ai compris pourquoi Mansour s’intéressait à la littérature des années cinquante et soixante. Celle qui parle de la jeunesse de son père, de la sienne aussi ; on revient toujours explorer les forêts noires de son enfance, y retrouver le petit garçon resté là, oublié sur le chemin qui mène à l’âge d’homme. Mansour et moi avons cela en commun, ce désir de comprendre ce qui nous a construits.
Assemblage

Assemblage

Tout va bien Faut que tu arrêtes, dit-elle. Arrêter quoi, on fait rien. Elle a eu envie de le reprendre. Il n’y avait pas de « on ». Il y avait lui le sujet et elle l’objet, mais lui, il a dit écoute, pas la peine de t’énerver pour rien. • Souvent elle s’installait dans le dernier cabinet, dans les toilettes des femmes, et elle fixait la porte. Parfois elle restait là, comme ça, durant toute la pause déjeuner, elle attendait de chier ou de pleurer ou de trouver la force de retourner à son poste. Il la voyait, à son poste, depuis son...
Le bureau d'éclaircissement des destins

Le bureau d'éclaircissement des destins

Chaque matin, elle vient par les bois. À mesure qu’elle traverse l’opacité des arbres et la nuit, Irène sent que la forêt dépose en elle quelque chose d’ancien qui se recrée sans cesse, une poussière de fantômes et d’humus. Elle roule dans le rayon jaune des phares et, peu à peu, glisse des ténèbres vers la lumière. Dans la petite ville, les volets fraîchement repeints s’ouvrent sans grincer, les cheminées fument dans le matin brumeux. Rien ne dépasse, n’échappe à la vigilance des voisins. Irène aperçoit le boucher qui lève son rideau de fer. Quand elle...
Le mur de l'Atlantique

Page 119

Nous avons vécu dans une région de forteresses, de poudrières et de casernes, peu à peu transformées en lieux de promenade instructifs, vastes terrains de jeux signalés à l’entrée des villes et des villages par les mouettes jumelles du conseil départemental de Charente-Maritime. 
Le mur de l'Atlantique

Page 48

Avant la ruine, la noble ruine, la blancheur lisse des fossiles, il y a la décrépitude, ce processus patient et dérisoire qui ne laisse aucun doute sur son issu, qui, malgré tous nos efforts de lessivage, mêle la moisissure pulvérulente aux souvenirs.
L'infante sauvage

L'infante sauvage

DANS LE TABLEAU Je suis née avec la peur de naître et morte avec la peur de mourir. Entre ces deux instants, mes soixantedix années de vie ne se sont pas écoulées: elles sont restées figées par cette sourde crainte que partagent toutes les créatures de Dieu et qui fait de l’humain une bête, de la bête un humain. Ayant été les deux, je l’ai doublement portée en mon ventre. Pour l’immense majorité des êtres, une si lancinante inquiétude est comme une respiration instinctive à laquelle ils ne prêtent pas plus attention qu’à la mécanique de leurs poumons; et quand elle...
La nuit est mon jour préféré

La nuit est mon jour préféré

HEPHRAÏM STEINER. CHAMBRE 16.  MARS 2019 Ce matin j’ai écouté Hephraïm Steiner, harpiste octogénaire – pianiste à ses heures – et ancien membre du philharmonique d’Israël. Mon patient est paranoïaque et psychotique. Suivant le protocole engagé, la séance s’est déroulée dans sa chambre, de 9 heures à 10 heures du matin. Le vieil homme m’a supplié de le laisser rentrer chez lui. Il m’a assuré que ses crises ne s’étaient pas manifestées depuis des semaines, qu’il ne souffrait plus d’insomnies et que la réduction des doses de neuroleptiques lui...

Oh, Canada

Fife se tortille dans le fauteuil roulant et dit à la femme qui le pousse : J’oublie pourquoi j’ai accepté ça. Dites-moi pourquoi j’ai accepté. C’est la première fois qu’il le lui demande. Ce n’est pas une question, c’est une plaisanterie légère, une façon de se moquer de lui-même, de s’apitoyer sur son sort, et il le dit en français, mais la femme n’a pas l’air de saisir. Elle est haïtienne, âgée de cinquante et quelques années, sans beaucoup d’humour, brusque et professionnelle – exactement ce qu’Emma et lui cherchaient chez une infirmière....
Croire: Sur les pouvoirs de la littérature

Croire

Dans un temps d’enfermement et de suspens qui rendait curieusement attentif aux dangers de l’époque, l’envie d’écrire sur la littérature et ses pouvoirs m’a traversée une première fois. Elle naissait d’une croyance familière bien qu’intermittente en la puissance de la littérature face à ce qui enferme, écrase le temps, les identités, la langue, les possibles, les luttes et les espoirs. Pendant le confinement, cette croyance est donc revenue m’habiter, et les pouvoirs du livre trouvaient des contours presque nets alors que je venais de raconter l’histoire de Razan...
Rêves de femmes: Six nouvelles

Rêves de femmes

La lune duveteuse ne laissait jamais le ciel s’obscurcir ; toute la nuit les fleurs des marronniers demeuraient blanches parmi le vert ; à peine le cerfeuil sauvage se voyait-il dans les prairies1. Les vents des cours intérieures de Cambridge ne couraient ni vers la Tartarie, ni vers l’Arabie, mais ils s’alanguissaient rêveusement au-dessus des toits de Newnham. C’est là, dans ce jardin, qu’elle trouverait peut-être, au besoin, un espace propice à la flânerie, parmi les arbres ; et que, face aux seuls visages féminins qu’elle viendrait à croiser, elle...
Trois guinées

Trois guinées

Trois ans, c’est bien long pour laisser une lettre sans réponse, et votre lettre est restée en suspens plus longtemps encore. J’avais espéré que la réponse se trouve d’elle-même, ou que quelqu’un y répondrait pour moi. Mais votre lettre est là avec sa question, toujours sans réponse : « Comment, selon vous, pouvons-nous empêcher la guerre ? » Il est vrai que de nombreuses idées me sont venues à l’esprit, mais aucune ne pouvait se passer d’explications, et les explications prennent du temps. En l’occurrence, il y a des raisons pour lesquelles il...
Une chambre à soi

Une chambre à soi

Je sais, vous m’avez demandé de parler des femmes et du roman. Quel rapport, allez-vous me dire, existe-t-il entre ce sujet et une « chambre à soi » ? Je vais tenter de vous l’indiquer. Après avoir accepté de vous parler, je suis allée m’asseoir au bord d’une rivière et je me suis interrogée sur le contenu des mots « roman » et « femme » ainsi rapprochés l’un de l’autre. Ce que l’on attendait de moi était-ce seulement un hommage à des écrivains femmes illustres, Jane Austen, les sœurs Brontë, George Eliot ? À y regarder...
New Nationalisms and China's Belt and Road Initiative: Exploring the Transnational Public Domain

New Nationalisms and China's Belt and Road Initiative Exploring the Transnational Public Domain

de
This book is a treatise on cultural globalization and the global political economy. By introducing the transnational public domain in the study of China’s Belt and Road Initiative (BRI), the book goes beyond existing theoretical frameworks involving both the ‘clash between civilizations’ and the ‘time-worn division’ of the world into North and South. It advances a new focus on the theoretical and empirical elements that canvass global cultural behaviours and reactionary attitudes to the expanding Chinese economic norms, cultures and values in different national contexts.  Readers of political theory, global political economy, globalization, international relations, political sociology, cultural sociology, public policy and foreign policy analysis will find interest in the book. Whereas new nationalism couples with globalism, both concepts are rediscovered through various socio-economic contexts of BRI policy discourses, which produce conflicts, solidarities, new economic partnerships, and cooperation and resistance as types of contemporary nationalism. The new nationalism is approached as a dual-sided, relational, and dialectical phenomenon which readers will capture by paying particular attention to both the global and local scales of the social responses to the BRI. 
Performance

Performance

de
Le dimanche 12 février 1967, peu après huit heures du soir, dix-huit policiers dont deux femmes firent irruption dans une maison de campagne anglaise du Sussex près de Chichester. À l’intérieur du salon, noyés dans la fumée du haschisch et de l’encens, se tenaient neuf personnes, huit hommes et une jeune fille de 20 ans nue sous une couverture de fourrure. Les hommes s’appelaient Keith Richards, Mick Jagger, Michael Cooper, Nicky Kramer, Mohammed Jajaj, David Schneidermann, Christopher Gibbs et Robert Fraser ; la Vénus à la fourrure était Marianne Faithfull....
La plus que vive

La plus que vive

Personne n'a une vie facile. Le seul fait d'être vivant nous porte immédiatement au plus difficile. Les liens que nous nouons dès la naissance, dès la première brûlure de l'âme au feu du souffle, ces liens sont immédiatement difficiles, inextricables, déchirants. La vie n'est pas chose raisonnable. On ne peut, sauf à se mentir, la disposer devant soi sur plusieurs années comme une chose calme, un dessin d'architecte. La vie n'est rien de prévisible ni d'arrangeant. Elle fond sur nous comme le fera plus tard la mort, elle est affaire de désir et le désir nous voue au déchirant...
L'Inespérée

L'Inespérée

Toutes les peurs viennent de l'enfance, pour la châtier, pour l'empêcher d'aller son cours. Tous les enfants connaissent la peur d'une connaissance intime, personnelle - mais pendant longtemps elle ne les atteint pas dans leur enfance. Ils la contournent, ils la frôlent et même ils jouent avec. Tu as peur des insectes et des uniformes, des mauvaises notes et des chiens, tu as peur des revenants. La peur est comme une avancée du monde adulte dans ton enfance. Elle a sa place , elle a ses heures, elle a ses lieux. Mais elle ne t'arrête pas. Tu tombes, tu as peur de tomber ce qui fait que...
A la recherche du temps perdu. Volumes I à VII.( Version complète illustrée)

Du côté de chez Swann. La madeleine

Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, je me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblaient avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne...
Du côté de chez Swann: ( À la recherche du temps perdu - Tome 1 )

Du côté de chez Swann

 II y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la...
A la recherche du temps perdu, tome 5: La Prisonnière

La prisonnière

Il était mort. Mort à jamais ? Qui peut le dire ? Certes, les expériences spirites pas plus que les dogmes religieux n'apportent de preuve que l'âme subsiste. Ce qu'on peut dire, c'est que tout se passe dans notre vie comme si nous y entrions avec le faix d'obligations contractées dans une vie antérieure ; il n'y a aucune raison dans nos conditions de vie sur cette terre pour que nous nous croyions obligés à faire le bien, à être délicats, même à être polis, ni pour l'artiste athée à ce qu'il se croie obligé de recommencer vingt fois un morceau dont l'admiration qu'il...

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