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Le jour où j'ai compris: Itinéraire d'une prise de conscience environnementale

Le jour où j'ai compris

Enfance (1960) Je suis né à Lyon et j’ai passé mon enfance, et même un peu plus, dans un quartier périphérique de cette métropole, aux confins orientaux de Villeurbanne, dans un environnement cosmopolite avec encore un pied dans le passé – un chemin creux bordé d’arbres où je faisais du vélo, des trottoirs en terre, le champ de mes grands-parents paternels, maraîchers en retraite –, et l’autre pied dans le présent – immeubles en construction, destruction des vieilles maisons en pisé… Enfant dans les années 1960, j’ai eu la chance de grandir dans une...
Le Relais des Amis

Le Relais des amis

"Je voulais plonger avec vous dans la fantaisie, et je me rends soudain compte que cette idée-là du relais, au départ purement ludique, et qui nous permet d'aller joyeusement d'un personnage à l'autre de manière fluide et libre, quand de liberté et de possibilités de voyages justement on manquait, finalement la reflète et l'illustre bizarrement, cette épidémie, puisque cette farandole, cette chaîne étrange, aussi bien aurait pu être enclenchée par une seule particule virale qui aurait été de l'un à l'autre en un parcours macabre et délétère."
Le Relais des Amis

Le Relais des amis

"Marcher, je vous le dis pour le cas où vous auriez envie un jour d'écrire, a un drôle d'effet entraînant. Vos jambes, pour un peu, deviennent des pistons, et tout se passe comme si d'invi- sibles courroies, les reliant à votre imagination, en transmettaient le mouvement à la zone de votre cerveau dans laquelle dormait la possibilité d'un récit. De cette manière bizarrement mécanique, par l'intermédiaire de toute une succession de rouages internes, enjambée après enjambée, lentement quelque chose en vous se remet en route, votre capacité à fabriquer des phrases, à les faire...
Beyrouth-sur-Seine

Beyrouth-sur-Seine

  Mon père, ma mère, Paris, 2020 « Tu veux que je te raconte ma vie en arabe ou en français ? » m’a demandé mon père et il a ajouté « Tu comprends l’arabe ? » alors qu’il a été mon professeur d’arabe pendant trois longues années où je vivais chacune de ses leçons comme un calvaire sans fin. Je venais de brancher un micro sur sa chemise de pyjama qu’il traîne depuis mes cinq ans. Elle a été cousue et recousue par des couturiers kurdes, irakiens, coréens, et certains d’entre eux ont même mis des patchs en jean dessus pour combler les trous. Ma mère a eu...
SI SUD 1: Automne des Vendanges aux Rouzilhous

Si Sud 1. Des vendanges aux Rouzilhous par Jean-François Dedieu

Je vous le dis comme c’est venu. Finalement cela répond à une forme naturelle d’inspiration, suivant les saisons, peut-être aussi parce que la lune qui nous est presque aussi chère que le soleil, sera toujours là quand notre système explosera... L’inspiration, on croit qu’elle vient à nous alors que c’est l’inverse, c’est souvent un trop plein qui doit sortir, sans quoi il nous noierait, qu’on puisse se raccrocher à quelque chose pour pouvoir continuer. Sur la forme, disons-le, je dois rappeler les conseils de nos professeurs de français : dans l’introduction partir...
TRISTAN ET ISEULT

Extrait de Tristan & Iseult

C’était le printemps. La terre avait retiré son manteau de neige et des perles scintillantes venaient ramper, courir, dévaler quelque pente. Encouragés par ce spectacle, les arbres tendaient leurs bras, non plus pour supplier un répit, mais pour affirmer l’espoir du renouveau et d’un bonheur à venir. La forêt reconstruisant son temple, le lierre et le bois paraissaient se marier sous la chaude lueur. Aussi timides que l’aurore, les bleuets, les iris naissaient, ici ou là, craintivement, étonnés de cette enceinte dont ils n’avaient gardé qu’un lointain souvenir. Et une...
Bleu Nuit

Dimah Abdallah in Bleu nuit, Sabine Wespieser, 2022

"Je regardais la toile bouleversante et j'ai pensé au "Dormeur du val". C'était beau à vous tordre l'estomac. Beau à vous transpercer le thorax. Tragique et beau à la fois. J'aurais aimé qu'Aimée s'endorme pour de bon ce jour-là, à ce moment précis, sous les pétales. Qu'elle s'arrête seulement de respirer, tranquillement, par cet après-midi si poétique d'avril. Quelques rayons de soleil passaient à travers le feuillage du marronnier et une fresque d'ombres et de lumières dansait sur le corps d'Aimée endormi sous les pétales blancs."
L'Enfer de Dante

L'Enfer de Dante de Paul et Gaëtan Brizzi

de
"Voici Aristote, entouré de Socrate et Platon, qui devisent sur le sens de la vie. Et, vois-tu, malgré leur esprit vif et digne d’exemple, leurs débats les amènent systématiquement à la même conclusion… leur impuissance à comprendre."
LES LARMES BRÛLÉES

Les Larmes brûlées

L’esprit d’un homme vole en éclats sous l’onde de choc d’un événement banal. Dévoré par ses démons intérieurs, il ne contrôle plus rien. Il voudrait circonscrire le feu, ramasser et recoller ces morceaux de lui-même. En vain. Désespéré, il décide de se raconter à un lecteur omniprésent. Et les larmes versées brûlent le tissu du temps. Des éclats de mémoires giclent à la surface de sa conscience. Le rideau se déchire et il se souvient. Une douleur inouïe surgit de cette lave en fusion. Ce cri inhumain, venu d’ailleurs, c’était hier. C’était cette autre vie...
MOI MALADE ? ET ALORS !!!

Moi malade? Et alors !!!

Une vie épanouie qui se transforme en parcours du combattant pour comprendre ces symptômes qui envahissent le quotidien. Entre errance médicale et incompréhension des proches et des médecins, ce n'est pas tous les jours facile d'être une femme, une maman et une malade qui ne veut pas l'être. Jusqu’au diagnostic tant attendu… Toutes ressemblances avec des personnes ou événements réels seraient fortuites. « Ça va ? » « Oui, ça va. » C’est le genre de réponse que je donne à chaque fois que l’on me demande comment je vais. Réellement, qui...
Roman Fleuve

Philibert Humm in Roman fleuve, Équateurs, 2022

Il convient de ménager ce lecteur, de lui réserver des temps calmes qu'on appelle entre nous ventilations narratives. Sans quoi celui-ci s'essouffle, perd haleine, suffoque et meurt parfois. Par conséquent je serai dans les pages qui suivent économe en rebondissements.
Le tour de l'oie

Le tour de l'oie

« Portons un toast aux racines qui ont traversé les océans pour faire des vagues dans nos verres. Je bois aussi aux souvenirs de toi que je n’ai pas eu, à la santé de ta mère que je n’ai pas connue. La troisième gorgée va au souvenir du baiser numéro un à la fin de l’été 1964. J’étais emprunté, au point de le demander par écrit, je n’aurais pas pu de vive voix. Elle avait quatorze ans elle aussi, elle a dit oui, un bref rendez-vous dans une pièce. C’était l’après-midi, les volets fermés, les cigales en chœur. Elle m’attendait debout au milieu...
Les Huit montagnes

Les Huit Montagnes

Pietro est un enfant de la ville. L’été de ses on...
Nocturne indien

Nocturne indien

C’est peut-être cette association d’idées qui me poussa vers lui, et je m’assis à côté de lui. Il me regarda avec deux yeux très beaux et me sourit, et moi aussi je lui souris ; c’est alors seulement que je m’aperçus avec effroi que le petit être qu’il portait sur l’épaule, n’était pas un singe mais une créature humaine. C’était un monstre. Une atrocité de la nature, ou une terrible infirmité, avait raccourci son corps en bouleversant ses formes et ses dimensions. Ses membres étaient tordus et recroquevillés sans autres ordres et mesures que ceux d’un...
Souvenirs et correspondance

Souvenirs et Correspondance

Ainsi, Vassili Grossman naquit le 12 décembre 1905 dans la ville de Berditchev. Ses parents se séparèrent alors qu’il était tout petit. Entre cinq et six ans, il vécut en Suisse, à Genève, avec sa mère, Ekaterina Savelievna, et fréquenta une école cantonale. On lit dans son essai Berditchev, trêve de plaisanterie : Un personnage de Tchekhov, le Dr Tcheboutykine, un monsieur très cultivé, s’écrie, horrifié : « Balzac s’est marié à Berditchev, Balzac s’est marié à Berditchev ! » Le docteur est choqué : Balzac, un...
La Liste de mes envies (Edition noël 2013)

La liste de mes envies

Moi, les mots, j'aime bien. J'aime bien les phrases longues, les soupirs qui s'éternisent. J'aime bien quand les mots cachent parfois ce qu'ils disent; ou le disent d'une manière nouvelle. Quand j'étais petite, je tenais un journal. Je l'ai arrêté le jour de la mort de maman. En tombant, elle a aussi fait tomber mon stylo et se fracasser plein de choses. » par Grégoire Delacourt. JC Lattès, 2012
Vie et destin

Vie et destin

Le brouillard recouvrait la terre. Les phares de la voiture se reflétaient dans les lignes à haute tension qui s’étiraient le long de la route. Il n’avait pas plu mais, à l’aube, l’humidité s’abattit sur la terre et les feux dessinèrent des taches rougeâtres sur l’asphalte mouillé. On sentait la respiration du camp à de nombreux kilomètres : les fils électriques, les routes, les voies de chemin de fer se dirigeaient tous vers lui, toujours plus denses. C’était un espace rempli de lignes droites, un espace de rectangles et de parallélogrammes qui fendaient la...
Une somme humaine

Une somme humaine

J'avais quelque- fois une fâcheuse tendance à abuser des maximes, à la manière de ces écrivains qui se font l'éducateur de leurs lecteurs, telle une irrésistible inclination, par ailleurs j'avais mis trop longtemps, et peut-être toute ma vie, à comprendre que le couple était une mauvaise blague, comme le péché, la culpabilité, le pardon, le bonheur, et toutes ces plaisanteries, que le monde tournait encore en son sein grâce à ces mensonges auxquels les gens croient dur comme fer, et ce n'était pas plus mal que si on se mettait tous à avouer la vérité, toute la vérité...
Une somme humaine

Une somme humaine

Paris, je ne pouvais pas espérer mieux, je m'estimais chanceuse, surtout parce que je m'étais dit qu'ici c'était le lieu idéal pour tout réparer, oublier, j'y croyais en plus, jusqu'à l'affreux creusement du vide, l'inévitable miroir déformé du temps, le sentiment que je n'étais nulle part à ma place, que n'importe où ailleurs serait une effraction dans la mauvaise existence, alors je fis demi-tour et claquai la porte derrière moi, c'était bien réfléchi, juste une étoile qui s'effondrait sur elle-même...
Les enfants endormis

Les enfants endormis

Le MMWR, le bulletin épidémiologique hebdomadaire publié aux États-Unis par les centres de prévention et de contrôle des maladies (CDC), compte peu d’abonnés en France. Parmi eux, Willy Rozenbaum, qui dirige le service des maladies infectieuses de l’hôpital Claude-Bernard à Paris. À trente-cinq ans, avec sa moto, ses cheveux longs et son passé de militant au Salvador et au Nicaragua, l’infectiologue détonne dans le milieu médical parisien. Le matin du vendredi 5 juin 1981, il feuillette le MMWR de la semaine qu’il vient de recevoir à son bureau. On y...

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