Bernard Quiriny : « Pas d’exigence particulière, sinon celles d’avoir un peu de temps devant moi et d’être seul. Avec une surface plane et stable pour poser l’ordinateur (pas de notes à la volée en train, ou sur un banc public). Quant à la musique, elle divertit, donc : le silence est d’or…
« Non,
mais je me dis parfois que je devrais. En général, le plus pénible est
de s’y mettre. Une fois que j’y suis, c’est parti ».
«Un bon vieux Word, et un ordinateur dont la soufflerie n’est pas trop bruyante ».
« Un premier jet aussi vite que possible, pour avoir tout le matériau sous la main. Puis des heures et des heures de découpage, réécriture, etc ».
«Jamais.
« Etre écrivain » ne signifie pas seulement « écrire des livres », mais
en écrire de bons, posséder un style, un caractère, ce genre de choses.
X ou Y publient des livres par tombereaux, mais ne sont pas selon moi
des écrivains (pique comique, à placer dans un dîner : « Il n’écrit
pas, il publie ») ; l’inverse pour W et Z, rares et discrets. (A la
limite, en tirant le fil, je pense qu’on peut être écrivain sans avoir
jamais écrit – cf. les bartlebys conceptualisés par Enrique
Vila-Matas). Donc, de mon point de vue, je ne suis pas écrivain,
j’écris des livres : si je suis écrivain, c’est à ceux qui me lisent de
le dire ».
« Une
« famille » au sens clos, pas forcément, mais comme tout le monde, j’ai
des maîtres, qu’on peut appeler grands-oncles, parrains, etc. Marcel
Aymé, d’un côté ; le fantastique sud-américain et le patriarche Borges,
de l’autre. Au milieu, la galaxie du fantastique belge, où je dois bien
avoir quelques cousins. Cela, pour mes deux livres parus. Mais à
nouveau livre, nouveaux maîtres, et nouvelle famille… »
«Beaucoup
et rapidement, oui, en partie par déformation professionnelle (je fais
un peu de journalisme, d’où des quantités importantes de livres lus).
S’il s’agit d’épreuves, je corne, gribouille et souligne comme un
sauvage. Pour un « vrai » livre, sauf urgence (cornage délicat et
réversible), n’importe quel bout de papier fait l’affaire ».
«Là
encore, il faut distinguer ce que je lis « professionnellement » de ce
que je lis à titre privé. La lecture « professionnelle » est un genre à
part – on sait ce qu’on cherche dans le livre, on réfléchit en
parallèle sur ce qu’on en dira, on souligne, on compare etc. Pour la
lecture « privée », je lis comme tout le monde, je suppose, sans
m’acharner à essayer de comprendre « comment c’est fait ».
«Ayant
lu X, je sais qu’il a cité Y. Je lis Y, qui se trouve avoir connu Z. Z
a fait partie de la même écurie que B dans les années 1940, ce qui
m’amène à B. Etc. A force, je me dis que je devrais tomber sur tout le
monde. Exemple : Borges mène à Casares, qui mène à Ocampo, etc. Ou
Bulteau à Régnier, puis Jaloux, Vaudoyer, etc. Ou alors, plus rarement,
je suis les recommandations d'amis de confiance ».
«Difficile
à dire. Je me souviens avoir été subjugué à l’adolescence par dernière
phrase d’un roman de Modiano, mais je ne sais plus lequel (ça finissait
par : « Il n’y avait personne pour venir nous chercher »). Plus tard,
la relecture du Passe-Muraille m’a poussé à essayer d’écrire ».
« La biographie de Montherlant par Philippe Alméras »
« Pas spécialement. J’offre rarement de livres, en fait ».
«Jamais je n’oserais. Ils se sentiraient obligés de le lire, ce serait affreux ! Et je préfère ne pas savoir leur avis ».
«De
temps en temps, une page ou deux, pour éprouver cette sensation
curieuse qu’elles sont d’un autre. Pour vérifier, comme ça, qu’il n’y a
pas de coquilles, aussi ».
«Pour le
moment, c’est l’anarchie, faute de place. D’où piles à même le sol, et
principe de classement rustique : les plus gros à la base, pour la
stabilité. Sinon, petite faiblesse : toujours laisser en vue (sur la
première rangée, à hauteur de regard) un auteur inattendu, un second
couteau magnifique, ou bien une édition d’époque, qui feront voir au
visiteur avisé quels sont mes goûts. Une bibliothèque, si elle est
visible du visiteur, c'est aussi un autoportrait latéral, donc... »
« Sans opinion pour le moment. Je n’en ai jamais eu entre les mains. Je n’y crois qu’à moitié, mais à voir à l’usage ».
« Je
n’y suis allé qu’une fois, comme visiteur, en 1999. J’ai rencontré Jay
McInernay qui m’a parlé de vins de Bourgogne, et vu Eric Zemmour en
vrai.
« Contes carnivores, Seuil ».
©Mathieu Zazoo
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