Entre la sécurité et la liberté, il faut choisir. La journaliste de télévision Lilia Hassaine livre dans Panorama (Gallimard) une dystopie habilement menée. Quand la transparence architecturale offre une métaphore de l’inquisition vire à l’inquisition généralisée, la fable n’est pas loin de la réalité. Son roman vient de recevoir le prix Renaudot des lycéens.
Entre la sécurité et la liberté, il faut choisir. La journaliste de télévision Lilia Hassaine livre une dystopie habilement menée. Quand la transparence architecturale offre une métaphore de l’inquisition vire à l’inquisition généralisée, la fable n’est pas loin de la réalité.
Le totalitarisme est la négation de la vie privée. Milos Kundera en résumé l’essence mieux que personne. Né dans la Tchécoslovaquie communiste il était bien placé pour savoir quel pouvoir donne l’accès à l’intimité d’autrui. L’Église n’a guère fait autre chose en usant de l’arme fatale du catholicisme : le sentiment de culpabilité. Bentham, un quartier huppé 100 % sécurisé ne flatte pas seulement la peur de ses habitants. Il flatte leur curiosité.
L’architecte opportuniste qui a créé ce quartier a tout simplement gommé les murs des habitations pour les remplacer par des vitres. La journaliste de télévision Lilia Hassaine utilise cette métaphore limpide pour mettre en scène les dangers de la transparence tous azimuts. Cela commence dans un sentiment de confort. Vaguement nauséeux.
« Je me demande quand tout cela a commencé, à partir de quelle date, de quel jour, on a voulu vivre dans des décors pastels et des maisons de poupées ». Bienvenue dans le monde de la « Bienveillance partagée ».
Le résultat de cette quête de sécurité pourrait être ennuyeux. Car l’entre-soi est bien entendu de rigueur. Il est surtout dangereux. La curiosité vire rapidement au voyeurisme. On trompe l’ennui comme on peut. Quel meilleur moyen, pour avoir prise sur quelqu’un que de tout savoir de lui ? Les services secrets de toutes les dictatures (notamment) en font profession. Lorsque commence l’emprise, le sadisme n’est jamais loin. On trompe l’ennui comme on peut. Gare à l’individu qui n’est pas garanti sans défaut. Dans un monde parfait, c’est la perfection ou la curée.
« Milo était malmené partout où il allait. Les autres enfants lui faisaient comprendre qu’il ne connaîtrait plus le repos, qu’il n’aurait plus de répit, ni dans la cour de récréation ni chez lui. Avec la Transparence, le harcèlement pouvait se poursuivre après l’école, à travers les vitres de sa maison. Milo n’avait plus de refuge où se replier. Il était traqué en permanence.»
C’est le principe de la dictature. Traquer les secrets des individus jusque dans leur lit. Ici un système de sarcophage seul permet de préserver quelques instants d’intimité. Á condition de ne pas être claustrophobe… et de signer une décharge (pardon, un contrat de consentement Liberté ou sécurité, il faut choisir.).
Les bonnes âmes, les consciences pures, les cerveaux passés au Karcher ont toujours quelque chose à reprocher à autrui. Le Nouveau Testament les a pourtant prévenus : « que celui qui n’a jamais péché… ». Non, ils ne voient pas la poutre. De quoi ont ces âmes sans tâche ont-elles peur ? Sinon de leur propre part d’ombre. De leur volonté d’en découdre. Sinon de mettre à mort leur semblable. Avec cette fable efficace et dérangeante, la faille dans le système se transforme vite en gouffre. Et le rêve (l’idylle) totalitaire tourne au cauchemar. CQFD.
>Lilia Hassaine, Panorama. Gallimard, 240 pages, 20 euros >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien
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