Alain Borer, écrivain-voyageur et poète, spécialiste de Rimbaud, professeur invité à l’University of Southern California, lauréat du prix Edouard Glissant, le voyage est « un mouvement de régénération, de la langue, de la littérature » L'auteur de Speak White !»: Pourquoi renoncer au bonheur de parler français ? (Tracts Gallimard, 2021) répond aux questions d'Agnès Séverin, recueillies pendant le dernier Festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo, port d'attache des écrivains en quête de grands horizons.
Alain Borer, écrivain-voyageur et poète, spécialiste de Rimbaud, professeur invité à l’University of Southern California, lauréat du prix Edouard Glissant répond à nos questions. Son dernier ouvrage paru est : Speak White !»: Pourquoi renoncer au bonheur de parler français ? (Tracts, Gallimard, 2021).
-Alain Borer : Á l’origine, Michel (Le Bris NDLR) a réagi contre le formalisme, et notamment contre Sollers. Il a observé que depuis Louis XV, cette vieille crapule qui lâché le Québec et les Indes à la fois, la littérature de voyage ne s’est pas développée en France. Michel s’est insurgé contre ce courant formaliste, incarné notamment par Tel Quel, et a fondé au bon moment et au bon endroit, puisque c’est du côté du grand large, un mouvement de régénération du voyage, de la langue, de la littérature sur les bases de la liberté, de l’expérience personnelle. Tout ce qui manquait à la littérature française. Ça c’est très important, parce que c’était tout ce qui manquait à la littérature française. Parce que la littérature américaine est entièrement dans ce registre du voyage, du récit. Nous avons créé le terme de « littérature-monde » pour traduire le terme de travel writing. Je suis cosignataire du « manifeste pour une littérature-monde ».
-A.B. : Mon meilleur souvenir de Saint-Malo, c’était de partir brusquement en hélicoptère avec Michel. Et de prendre de la hauteur, de voir ce panorama, à savoir à la fois la Cité Corsaire et le grand large. C’était magnifique.
-A.B. : C’est « la mer allée avec le soleil ». Il n’y a pas d’autre définition que celle de Rimbaud, qui est la « liberté librrre ».
-A.B. : Les langues savent sur nous des choses que nous ignorons. Elles diffèrent, non par les mots, qui voyagent et s’échangent par familles, mais par leurs idéalisations collectives, logées dans leur morphologie. Aujourd’hui, la langue française est en passe de s’effondrer en une sorte de dialecte de l’empire anglo-saxon — ce qui implique un autre Réel, autant qu’un infléchissement collectif des visions du monde et des relations humaines, dont aucun politique, semble-t-il, n’a la première idée. « Speak white !», partout résonne l’injonction de parler la langue du maître : nous soumettrons-nous ? Mais pourquoi renoncer au bonheur de parler français ?
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