Patrice Blanc-Francard, journaliste et producteur musical, membre du Conseil d’administration, ancien Vice-Président et ancien responsable de la programmation musique et documentaire du Festival Etonnants Voyageurs considère que « Le voyage, c’est ce qui vous change, dans une réalité que vous n’aviez pas perçue auparavant. » Il répond aux questions d'Agnès Séverin, recueillies pendant le Festival de Saint-Malo, port d'attache des écrivains en quête de grands horizons.
Patrice Blanc-Francard, journaliste et producteur musical, membre du Conseil d’administration, ancien Vice-Président et ancien responsable de la programmation musique et documentaire du Festival Etonnants Voyageurs répond à nos questions. Son dernier ouvrage paru est : Rock My Soul (Calmann Lévy, 2022)
- Patrice Blanc-Francard : Michel Le Bris a inventé le festival ouvert, non seulement sur la littérature, mais sur le cinéma, toute la culture. Comme c’était quelqu’un qui n’avait pas de limite, le festival a grandi pendant trente ans. La chose qui faisait le plus horreur à Michel, c'était les tiroirs, les étiquettes. Donc c’est un festival où on peut retrouver toutes les tendances qui agitent le monde, qui disent ce qu’est le monde, où il va, comment il change. On y voit s’écrire en lettres un peu bizarres ce que va être le futur, donc pour moi il y a une vraie continuité.
Cette continuité a surtout été difficile à gérer à cause de la pandémie. Michel, alors malade, m’a demandé, presque comme une dernière volonté de gérer l’intérim. Nous avons élu un nouveau président, la fonction de Vice-président ne s’imposait donc plus. L’équipe, à une exception près, celle de Mélani Le Bris qui n’a pas accepté le changement de poste qui lui avait été proposé par le Président, est la même. C’est la même équipe qui travaille depuis des années, donc il y a une vraie continuité.
Aujourd’hui, je suis super content de voir arriver les visiteurs en masse, car ce n’était pas du tout évident qu’ils conservent leurs habitudes. L’année dernière les gens ont commencé à revenir, mais il y a eu une année où il n’y a pas eu de festival et une autre où il a eu lieu en streaming. Cela risquait de distendre le lien.
Le grand truc du festival, c’est qu’il y a une véritable fidélité. Les gens ont vraiment envie de se retrouver le week-end de la Pentecôte à Saint-Malo.
- P.B.-F. : Il y a une dizaine d’années, Michel a voulu que j’invite des cinéastes russes. Les films que j’ai reçus étaient accompagnés d’une documentation en caractères cyrilliques. Il n’y avait pas de documentation française, c’était un truc de fou furieux. Quand les Russes sont arrivés, c’était inimaginable, ça a été une beuverie constante et dans le train de retour d’Étonnants Voyageurs, il fallait vraiment le voir pour le croire.
Le souvenir le plus étonnant, c’est de pouvoir prendre un café avec un écrivain qu’on adore, qui est juste en face de vous et à qui on peut parler comme je vous parle en ce moment. Et puis, le fait de croiser des inconnus dont on sait qu’ils partagent avec vous le fait de lire, ce qui est quand même une exception. Aujourd’hui combien de gens lisent ? Pour mes enfants, ouvrir un livre, ça ne vient pas naturellement. Le fait, dans un festival, de croiser sans arrêt des gens dont on sait qu’ils lisent, c’est se confronter à un autre esprit. Lire c’est se poser la question de ce qui dit l’auteur, la question de savoir si cela est vrai. La question du vrai est fondamentale à l’ère des réseaux sociaux qui passent leur temps à vous flatter ou à vous mentir. Les livres nous permettent de confronter le réel avec la vérité.
- P.B.-F. : Pour moi qui suis amoureux de la musique, la musique est le voyage le plus complet. C’est un voyage de liberté, parce qu’en plus, c’est un langage totalement symbolique qui ne fonctionne pas avec des mots. Mais je conçois aussi le voyage sous deux formes. Kierkegaard n’est jamais sorti de chez lui. Il pensait qu’on n’a pas besoin de sortir de chez soi pour décrire le monde. Je dirais que c’est un peu extrême.
Michel Le Bris était fasciné par Stevenson. Stevenson est absolument l’homme qui crée la mythologie du voyage par ses aventures extraordinaires. Comme Jack London peut l’être d’une autre manière. Il disait toujours : « Le festival Etonnants Voyageurs n’est pas un festival de voyage. C’est un festival sur le voyage ». Cette question sur le voyage est intéressante parce que c’est avant tout notre esprit qui nous fait voyager. Vous pouvez très bien voyager et ne rien voir. C’est ce que des millions de touristes passent leur temps à faire chaque année. De tourner avec les mêmes bus, avec les mêmes personnes, d’acheter les mêmes souvenirs, de faire les mêmes photos et de les montrer en rentrant à des gens que ça emmerde horriblement. Le voyage est une des grandes mythologies de la société aujourd’hui.
Le voyage c’est ce qui vous change dans une réalité que vous n’aviez pas perçue auparavant. C’est un mind game, un jeu de l’esprit qui est confronté à quelque chose d’autre, à une réalité à laquelle il doit réfléchir. Il y a des voyages intérieurs, donc à l’évidence la poésie, à l’évidence la musique, l’art quel qu’il soit. C’est une interprétation personnelle de la réalité.
Patrice Blanc-Francard raconte l’histoire d’une musique, née dans les communautés d’esclaves noirs, forgée dans la souffrance, et qui devint universelle. Une musique qui continue encore aujourd’hui à parler à la plus mystérieuse partie de notre être, notre âme.
Cette âme est devenue verbe, et le verbe musique : soul music.
Mais ce n’est qu’au sortir de la Seconde Guerre mondiale que la soul a pris sa forme la plus populaire, avec les débuts de ce que l’on a appelé le rhythm & blues, fleurissant dans des villes devenues mythiques, de Memphis à Détroit en passant par La Nouvelle-Orléans, traversé et façonné par les événements historiques et politiques du XXe siècle américain.
Une musique portée par des labels et des producteurs qui ont parfois commencé avec rien, au fond d’un garage, avant d’entrer dans la légende, comme Atlantic ou la Motown.
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