Lucie Milledrogues, journaliste et coordinatrice de la programmation du Festival Etonnants Voyageurs, répond aux questions d'Agnès Séverin, recueillies pendant l'édition 2023 du Festival de Saint-Malo, port d'attache des écrivains en quête de grands horizons.
Lucie Milledrogues, coordinatrice de la programmation du festival Etonnants Voyageurs répond à nos questions.
- Lucie Milledrogues : Saint-Malo, ce sont des rencontres qui nous permettent d’être à la fois éblouis, décentrés, et de vivre un moment émotionnel fort et des vibrations. C’est un moment qui va nous porter longtemps. C’est à la fois assister à des rencontres avec des auteurs qu’on aime, qu’on adore. C’est se laisser surprendre. Et puis, être perturbé, être changé. Et ça, ça dure longtemps. Après, on rapporte des livres, on lit, on est encore porté par cette émotion qu’on a vécue le temps des rencontres, des découvertes de gens passionnés.
- L.M. : Je travaille pour le festival depuis 2009. Je garde un gros gros coup de cœur pour nos éditions à l’étranger qui ont été des moments assez fabuleux de rencontres, de passion, de petite colonie de vacances d’auteurs qui vont à la rencontre de publics différents.
Il y a un moment d’émotion pure qui était la lecture par le comédien Élie Gillou d’une nouvelle de Jean-Marie Gustave Le Clézio. J’étais en régie, et comme Jean-Marie Gustave Le Clézio n’était pas présent cette année, nous avons fait la rencontre en visio. Il était déjà en visio et on ne l’avait pas encore affiché sur l’écran de la salle et moi je le voyais de mon côté. Et il pleurait. La lecture était magnifique, Élie avait raconté cette histoire d’une maman qui chante une petite berceuse. Il s’était renseigné sur l’air de cette berceuse, ou ce qu’il pouvait être, auprès de musiciens. Et il s’est mis à chanter, et là j’ai vraiment vu une écoute très profonde du public. Voir un grand auteur comme Le Clézio se laisser émouvoir par un instant précis pour moi, cela marque ce que l’on peut vivre pendant le festival.
- L.M. : C’est de ne pas se mettre de barrières, de frontières. De se dire qu’il est possible de se laisser émouvoir là où on n’aurait pas pensé. Et la liberté de ne pas s’arrêter. Je suis une éternelle optimiste, je crois à la liberté d’expression dans ce qu’elle peut apporter à la fois la liberté de créer et d’emmener les lecteurs. Cette émotion que procure le livre et que, là, on fait passer par la rencontre.
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