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Les Aventures de Télémaque

Extrait de Les Aventures de Télémaque de Fénelon

L’autre mal, presque incurable, est le luxe. [...] Les proches parents du roi veulent imiter sa magnificence ; les grands, celle des parents du roi ; les gens médiocres veulent égaler les grands ; car qui est-ce qui se fait justice ? Les petits veulent passer pour médiocres : tout le monde fait plus qu'il ne peut, les uns, par faste et pour se prévaloir de leurs richesses, les autres, par mauvaise honte et pour cacher leur pauvreté. Ceux mêmes qui sont assez sages pour condamner un si grand désordre ne le sont pas assez pour oser lever la tête les premiers et pour donner des...
Don Quichotte

Extrait de Don Quichotte de Miguel de Cervantès

 Là-dessus ils découvrirent trente ou quarante moulins à vent qu'il y a en cette plaine, et, dès que don Quichotte les vit, il dit à son écuyer : « La fortune conduit nos affaires mieux que nous n'eussions su désirer, car voilà, ami Sancho Pança, où se découvrent trente ou quelque peu plus de démesurés géants, avec lesquels je pense avoir combat et leur ôter la vie à tous, et de leurs dépouilles nous commencerons à nous enrichir : car c'est ici une bonne guerre, et c'est faire grand service à Dieu d'ôter une si mauvaise semence de dessus la face de la terre.- Quels...
La Vie est un songe

Extrait de La Vie est un songe de Pedro Calderón de la Barca

CLOTALDO. - Racontez-moi ce que vous avez rêvé.SIGISMOND. - En supposant que ce fût un rêve, je dirai non ce que j'ai rêvé, Clotaldo, mais ce que j'ai vu. Je me trouvai, à mon réveil, dans un lit (douce et cruelle illusion !) brodé de si vives et fraîches couleurs, qu'on eût dit la couche des fleurs tissée des mains du printemps. Une multitude de nobles, prosternés à mes pieds, m'appelaient leur prince, et me présentaient des parures, des bijoux, des vêtements. Tu es venu alors changer en allégresse le calme de mes sens, en m'apprenant mon bonheur, car, tout misérable que me...
Oraisons funèbres

Extrait de Oraisons funèbres de Bossuet

Le voyez-vous comme il vole ou à la victoire ou à la mort ? Aussitôt qu'il eut porté de rang en rang l'ardeur dont il était animé, on le vit presque en même temps pousser l'aile droite des ennemis, soutenir la nôtre ébranlée, rallier le Français à demi vaincu, mettre en fuite l'Espagnol victorieux, porter partout la terreur, et étonner de ses regards étincelants ceux qui échappaient à ses coups. Restait cette redoutable infanterie de l'armée d'Espagne, dont les gros bataillons serrés, semblables à autant de tours, mais à des tours qui sauraient réparer leurs brèches,...
Art poétique ;: épîtres ; odes ; poésies diverses et épigrammes

Extrait de Art poétique ;: épîtres ; odes ; poésies diverses et épigrammes de Nicolas Boileau Despréaux

 Le secret est d'abord de plaire et de toucher : Inventez des ressorts qui puissent m'attacher. Que dès les premiers vers l'action préparée Sans peine du sujet aplanisse l'entrée. Je me ris d'un acteur qui, lent à s'exprimer, De ce qu'il veut, d'abord, ne sait pas m'informer ; Et qui, débrouillant mal une pénible intrigue, D'un divertissement me fait une fatigue. J'aimerais mieux encore qu'il déclinât son nom, Et dît: «Je suis Oreste, ou bien Agamemnon »,Que d'aller, par un tas de confuses merveilles, Sans rien dire à...
Le roi Lear

Extrait de Le roi Lear de William Shakespeare

 LE FOU. - Sais-tu la différence, mon garçon, entre un fol amer et un doux fol ?Lear. - Non, l'ami, enseigne-moi.  Le Fou.Celui qui te persuadaDe donner tes terres,Qu'il se mette auprès de moi :Viens, toi, prends sa place.Lors doux fol et fol amerÀ l'instant paraissent,L'un dessous cette livréeL'autre... que voilà. LEAR. - Me traites-tu de fou, gamin ?LE FOU. - Tous tes autres titres, tu les as gaspillés ; celui-là, tu es né avec.KENT. - Ceci n'est point toute folie, monseigneur. LE Fou. - Non, sur ma foi, les seigneurs et les grands n'entendent pas m'en...
Pantagruel

Extrait de Pantagruel de François Rabelais

- Jésus, dis-je, il y a ici un nouveau monde ? - Certes, dit-il, il n'est pas nouveau ; mais l'on dit bien que, hors d'ici il y a une terre nouvelle où ils ont soleil et lune, et tout plein de belles affaires ; mais celui-ci est plus ancien.- Oui mais, dis-je, mon ami, quel nom porte cette ville où tu vas vendre tes choux ?- Elle porte le nom, dit-il, d'Aspharage, et les habitants sont des chrétiens, gens de bien, qui vous feront un bon accueil. »  Bref, je décidai d'y aller. Or, en chemin, je rencontrai un compagnon qui tendait des pièges aux pigeons, et je lui demandai...
Gargantua

Extrait de Gargantua de François Rabelais

Toute leur vie était régie non par des lois, des statuts ou des règles, mais selon leur volonté et leur libre arbitre. Ils sortaient du lit quand bon leur semblait, buvaient, mangeaient, travaillaient, dormaient quand le désir leur en venait. Nul ne les éveillait, nul ne les obligeait à boire ni à manger, ni à faire quoi que ce soit. Ainsi en avait décidé Gargantua. Et leur règlement se limitait à cette clause :FAIS CE QUE TU VOUDRASParce que les gens libres, bien nés, bien éduqués, conversant en bonne société, ont naturellement un instinct, un aiguillon qu'ils appellent...
Heptaméron

Extrait de Heptaméron de Marguerite de Navarre

Le mariage consommé, le gentilhomme récrivit à sa mère, disant que dorénavant ne lui pouvait nier  la porte de sa maison, vu qu'il lui menait une belle-fille aussi parfaite que l'on saurait désirer. La dame, qui s'enquit quelle alliance il avait prise, trouva que c'était la propre fille d'eux deux, dont elle eut un deuil si désespéré, qu'elle cuida mourir soudainement, voyant que tant plus donnait d'empêchement à son malheur, et plus elle était le moyen dont augmentait. Elle, qui ne sut autre chose faire, s'en alla au légat d'Avignon, auquel elle confessa l'énormité de...
Essais

Extrait de Essais de Michel de Montaigne

 Notre monde vient d'en trouver un autre (et qui nous répond si c'est le dernier de ses frères, puisque les démons, les sibylles et nous, avons ignoré celui-ci jusqu'asteure ?) non moins grand, plein et membru que lui, toutefois si nouveau et si enfant qu'on lui apprend encore son a, b,c ; il n'y a pas cinquante ans qu'il ne savait ni lettres, ni poids, ni mesure, ni vêtements, ni blés, ni vignes. [...]Bien crains-je que nous aurons bien fort hâté sa déclinaison et sa ruine par notre contagion, et que nous lui aurons bien cher vendu nos opinions et nos arts. C'était un monde...
Le Prince

Extrait de Le Prince de Machiavel

Il y a deux manières de combattre, l'une par les lois, l'autre par la force : la première sorte est propre aux hommes, la seconde propre aux bêtes ; mais comme la première bien souvent ne suffit pas, il faut recourir à la seconde. Ce pourquoi est nécessaire au Prince de savoir bien pratiquer la bête et l'homme. Cette règle fut enseignée aux Princes en paroles voilées par les anciens auteurs qui écrient comme Achille, et plusieurs autres de ces grands Seigneurs du temps passé furent donnés à élever au centaure Chiron pour les instruire sous sa discipline. Ce qui ne signifie...
Le Prince

Extrait de Le Prince de Machiavel

Il y a deux manières de combattre, l'une par les lois, l'autre par la force : la première sorte est propre aux hommes, la seconde propre aux bêtes ; mais comme la première bien souvent ne suffit pas, il faut recourir à la seconde. Ce pourquoi est nécessaire au Prince de savoir bien pratiquer la bête et l'homme. Cette règle fut enseignée aux Princes en paroles voilées par les anciens auteurs qui écrient comme Achille, et plusieurs autres de ces grands Seigneurs du temps passé furent donnés à élever au centaure Chiron pour les instruire sous sa discipline. Ce qui ne signifie...
Oeuvres complètes : sonnets-élégies, débat de folie et d'amour, poésies

Extrait de Oeuvres complètes : sonnets-élégies, débat de folie et d'amour, poésies de Louise Labé

Je vis, je meurs : je me brûle et me noie.J'ai chaud extrême en endurant froidure : La vie m'est et trop molle et trop dure.J'ai grands ennuis entremêlés de joie :Tout à coup je ris et je larmoie,Et en plaisir maint grief tourment j'endure : Mon bien s'en va, et à jamais il dure : Tout en un coup je sèche et je verdoie.Ainsi Amour inconstamment me mène : Et quand je pense avoir plus de douleur,Sans y penser je me trouve hors de peine.Puis quand je crois ma joie être certaine, Et être au haut de mon désiré heur, Il me remet en mon premier malheur.
Le Discours de la servitude volontaire

Extrait de Le Discours de la servitude volontaire de Etienne de La Boétie

Celui qui vous maîtrise tant, n'a que deux yeux, n'a que deux mains, n'a qu'un corps, et n'a autre chose que ce qu'a le moindre homme du grand nombre infini de vos villes ; sinon qu'il a plus que vous tous c'est l'avantage que vous lui faites, pour vous détruire. D'où il a pris tant d'yeux, dont vous épie-t-il, si vous ne les lui donnez ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s'il ne les prend de vous? Les pieds dont il foule vos cités, d'où les a-t-il, s'ils ne sont les vôtres ? Comment a-t-il aucun pouvoir sur vous, que par vous autres mêmes? Comment vous oserait-il courir...
Eloge de la folie (nouvelle édition)

Extrait de Eloge de la folie (nouvelle édition) de Erasme

Quoi que dise de moi le commun des mortels (car je n'ignore pas tout le mal qu'on entend dire de la Folie, même auprès des plus fous), c'est pourtant moi, et moi seule, qui grâce à mon pouvoir surnaturel répand la joie sur les dieux et les hommes. Je viens encore d'en donner la preuve éclatante : à peine ai-je paru au milieu de cette nombreuse assemblée, pour prendre la parole, que tous les visages ont aussitôt été éclairés par la gaité la plus nouvelle et la plus insolite ; tous les fronts se sont tout de suite déridés ; vous m'avez applaudie avec des rires si aimables et si...
Oedipe roi

Extrait de Oedipe roi de Sophocle

ŒDIPE - Le fait certain, c'est qu'à cette heure Polybe est dans les Enfers avec tout ce bagage d'oracles sans valeur. JOCASTE - N'était-ce donc point là ce que je te disais depuis bien longtemps ?ŒDIPE. - Assurément, mais la peur m'égarait. JOCASTE - Alors ne te mets plus rien en tête pour eux. ŒDIPE - Et comment ne pas craindre la couche de ma mère ? JOCASTE - Et qu'aurait donc à craindre un mortel, jouet du destin, qui ne peut rien prévoir de sûr, vivre au hasard, comme on le peut, c'est de beaucoup le mieux encore. Ne redoute pas l'hymen d'une mère : bien...
Antigone

Extrait de Antigone de Sophocle

CRÉON - Et toi, maintenant, réponds-moi, sans phrases, d'un mot. Connaissais-tu la défense que j'avais fait proclamer? ANTIGONE - Oui, je la connaissais: pouvais-je l'ignorer ? ; Elle était des plus claires.CRÉON - Ainsi tu as osé passer outre à ma loi ? ANTIGONE. - Oui, car ce n'est pas Zeus qui l'avait proclamée ! ce n'est pas la Justice, assise aux côtés des dieux infernaux ; non, ce ne sont pas là les lois qu'ils ont jamais fixées aux hommes, et je ne pensais pas que tes défenses à toi fussent assez puissantes pour permettre à un mortel de passer outre à d'autres...
L'Odyssée

Extrait de L'Odyssée de Homère

Alors survint l'âme du Thébain Tirésias, le sceptre d'or en main. Il me reconnut et me dit: «Descendant de Zeus, fils de Laërte, Ulysse aux mille expédients, » pourquoi donc, malheureux, quittant la lumière du soleil, es-tu venu voir les morts et la région sans joie? Mais éloigne-toi de la fosse, écarte la pointe de ton épée, que je boive du sang et te dise la vérité. » Il parlait ainsi; moi, je m'éloignai et remis au fourreau mon épée aux clous d'argent. Quand il eut bu le sang noir, l'irréprochable devin m'adressa ces paroles: « C’est le retour doux comme le miel que...
Tragédies, tome 1 : Les Suppliantes, Les Perses, Les Sept contre Thèbes, Prométhée enchaîné

Extrait de Tragédies, tome 1 : Les Suppliantes, Les Perses, Les Sept contre Thèbes, Prométhée enchaîné

Il faut porter d'un cœur léger le sort qui vous est fait et comprendre qu'on ne lutte pas contre la force du Destin. - Pourtant taire ces maux m'est aussi impossible que ne pas les taire. Oui, c'est pour avoir fait un don aux mortels que je ploie sous ce joug de douleurs, infortuné ! Un jour, au creux d'une férule, j'emporte mon butin, la semence de feu par moi dérobée, qui s'est révélée pour les hommes un maître de tous les arts, un trésor sans prix. Voilà les fautes dont je paie la peine aux dieux, dans ces liens qui me clouent ici à la face du Ciel !Animé.Ah ! Ah ! Quel...
Oeuvres complètes : Le lais  ; Le Testament ; Poésies diverses ; Jargon et jobelin

Extrait de Oeuvres complètes : Le lais [ legs ] ; Le Testament ; Poésies diverses ; Jargon et jobelin

Quoy qu’on tient belles langagièresFlorentines, Veniciennes, pour estre messagieres, Et mesmement les anciennes ; Mais, soient Lombardes, Rommaines,Genevoises, a mes perilz, Pimontoises, Savoisiennes, Il n’est bon bec que de Paris.De très beau parler tiennent chaieres,Ce dit on, les Neapolitaines, Et ce sont très bonnes caquetieres Allemandes et Pruciennes ; Soient Grecques, Égipciennes,De Hongrie ou d'autre pays, Espaignolles ou Cathelennes,Il n’est bon bec que de Paris.Brettes, Suysses, n'y sçavent guieres,Gasconnes, n'aussi Toulousaines...

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