Pour Olivier Weber, écrivain et grand reporter, président du jury du prix Kessel et ancien ambassadeur, lauréat des prix Albert Londres, Kessel et du Livre européen, « Le voyage représente une sorte de transcendance de la réalité, de réenchantement du monde et une espérance qui donne du baume au cœur. » L'auteur de L’œil de l’archange (Calmann-Lévy, 2023), son dernier livre publié, répond aux questions d'Agnès Séverin, recueillies pendant le Festival Etonnants Voyageurs de Saint-Malo, port d'attache des écrivains en quête de grands horizons.
Olivier Weber, écrivain et grand reporter, président du jury du prix Kessel et ancien ambassadeur, lauréat des prix Albert Londres, Kessel et du Livre européen, répond à nos questions. Son dernier ouvrage paru est : L’œil de l’archange (Calmann-Lévy, 2023).
- Olivier Weber : Pour moi, Saint-Malo, c’est un festival premièrement de la littérature, deuxièmement de la littérature-monde et de l’aventure humaine. C’est une aventure d’engagement, que permet la littérature sous différentes déclinaisons, que ce soit la littérature de fiction, ou la littérature du réel, c’est-à-dire les essais, le reportage ou la narrative non fiction, donc la non-fiction. Et je trouve ça passionnant.
Pour moi, il y a deux conditions pour qu’un festival soit réussi. La première, c’est qu’on soit un peu frustré parce qu’il y a eu tellement de choses dans le festival, qu’on n’a pu en voir qu’un dixième. Deuxièmement, qu’il y ait un côté bouillon de culture, agitation des neurones, et je trouve qu’Etonnants voyageurs marie bien les deux conditions. On sort toujours ragaillardi ou différent de ce festival.
Le festival se pérennise, malgré la mort de Michel Le Bris et se renouvelle en même temps. Ne serait-ce que par la présence des auteurs, par les thématiques qu’ils portent eux-mêmes qui sont à la fois complémentaires et différentes. Ce festival qui a acquis une grande notoriété conserve une dimension qui est vraiment étonnante, parce qu’on marie l’inventivité, l’imaginaire, la fiction et le réel. Et de tout ça, naît une sorte de transcendance de la réalité, de réenchantement du monde, comme j’avais intitulé un de mes romans et puis d’espérance et ça donne du baume au cœur.
-O.V. : C’était une soirée dans le fort, sur cet îlot près duquel nous sommes. Je suis sorti à temps et j’ai appris le lendemain matin, qu’une partie des festivaliers étaient restés bloqués à l’intérieur toute la nuit, à cause de la marée.
L’autre souvenir, c’est d’avoir peu rencontrer un de mes maîtres en littérature, que je lis depuis que je suis adolescent, qui est niçois d’adoption comme moi, c’est Le Clézio. Ici Le Clézio, on peut le rencontrer, c’est la magie de Saint-Malo que de pouvoir approcher en tant que lecteur, en tant que visiteur, en tant qu’auteur un prix Nobel de littérature. Voilà, ça fait partie des belles rencontres. Il y en a tellement d’autres. Je dirais que la marque de Saint-Malo, c‘est qu’il y a une sorte d’osmose entre les auteurs que nous sommes, les écrivains et puis le public. On peut se parler, on échange, on se retrouve d’année en année. On se voit dans le grand auditorium, après on se revoit dans un café, après on se revoit dans un hôtel à l’occasion d’un petit-déjeuner littéraire. Cette non-séparation entre les auteurs et le public est fabuleuse, parce que ça montre le côté chaleureux du festival.
-O.V. : La liberté, c’est la capacité de se renouveler, de s’affranchir de certaines de ses entraves. On pourrait dire même de la totalité de ses entraves, mais on ne s’affranchit jamais de la totalité de ses racines. Une racine n’est pas forcément une entrave, mais ça peut l’être. C’est la capacité de pouvoir vivre sans carcans. Ce n’est pas toujours évident, mais je pense que dans la quête de l’être humain, il doit y avoir cette recherche de la liberté.
J’ai bataillé toute ma vie pour être libre. Être libre par rapport à ces entraves, à d’éventuels liens, y compris professionnels, et puis même par rapport au temps. Car on est soumis à l’hyper rapidité. Je me suis battu pour avoir le droit de voyager longtemps. Le temps d’écrire longuement. Le temps aussi de rapporter des reportages après beaucoup de temps sur le terrain. Ça fait partie de la liberté.
On peut avoir aussi une approche de la liberté plus philosophique, par les livres en particulier. Les livres nous apprennent aussi des valeurs. J’ai grandi à travers les livres, je me suis créé des valeurs, je me suis créé une famille. La littérature nous permet l’apprentissage de thèmes, de notions, de concepts, de valeurs telles que la liberté. De Cervantès, à Goethe, à Rimbaud, Apollinaire et d’autres.
Le dernier livre d'Olivier Weber retrace la vie de Gerda Taro, disparue prématurément en 1937, où dans la fureur des combats de la guerre civile d’Espagne, cette reporter de guerre meurt, écrasée par un char républicain. Elle a vingt-six ans. Militante antinazie, Gerda a fui l’Allemagne hitlérienne pour Paris, où elle croise la route, entre autres, d’Aragon, Koestler, Nizan, Man Ray, ainsi que de Robert Capa, qui devient son compagnon. Gerda Taro veut rejoindre le front espagnol, elle pressent que le destin de l’Europe se joue là-bas. Femme libre à la destinée de météore, elle comprend peu à peu, entre espoir et trahisons, que les staliniens profitent des combats pour purger les rangs des républicains.
Cette grande fresque sur la guerre civile espagnole rend un brillant hommage à une profession fascinante, celle de reporter de guerre, et à une icône du xxe siècle, une femme courageuse et passionnée, pour qui l’engagement primait sur tout.
>Lire aussi la chronique d'Agnès Séverin sur L'oeil de l'archange.
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